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Du 5 au 16 octobre 2016, Le Génie de la Bastille présente Traversée de Magali Leonard.

C’est un voyage en train qui la mena sans s’arrêter de Chicago à San Francisco qui inspira à Magali Leonard l’ensemble des Traversées présenté par la galerie. On imagine à quel point le paysage qui défila, en transformation perpétuelle devant ses yeux, derrière une fenêtre mobile a laissé son empreinte dans l’esprit de l’artiste. Devant nos yeux c’est la toile qui remplace la fenêtre et rend cette impression de mouvement et d’insaisissable.

La série, produite entre 2013 et 2014, marque l’introduction dans le travail de Magali Leonard d’une décomposition de la toile en plusieurs panneaux. Autour d’un panneau central carré de 80 x 80 cm viennent s’ajouter un ou deux panneaux latéraux de même hauteur mais de largeur différente et variable. L’asymétrie ainsi obtenue au niveau du format se retrouve dans les compositions. Les courbes et les élans diagonaux initiés dans les panneaux carrés sont interrompus par les bords de la toile avant de reprendre, transformés, dans les panneaux suivants. La succession des toiles introduit la disjonction quand celle des couches de peinture crée la profondeur. Les panneaux se répondent et se complètent. L’espace construit dans les polyptyques devient de fait parfaitement autonome, un monde à part entière éclairé par une lumière venue de l’intérieur même du tableau. Les palettes déclinées par l’artiste, aux tonalités majoritairement ocres, rouges, bleues ou blanches, contribuent à l’apparition de cette terre nouvelle, dont la matérialité se fait jour devant nos yeux mais semble s’évanouir aussitôt tant la manière de Magali Leonard empêche l’œil de se fixer jamais complètement. « Je ne fixe pas de représentation, ne pose pas de description » déclare-t-elle.

Évanescent, le paysage se construit et se déconstruit sans cesse. La liquidité de l’acrylique pousse parfois les couleurs jusqu’à la transparence quand des empâtements semblent volontairement laissés par endroits. Le regard circule sans cesse, porté par les jeux de textures et de contrastes parfois violents, et observe le spectacle d’une natura naturans dans laquelle s’inscrivent parfois des textes dont l’écriture estompée entrave la lecture.

L’abstraction de Magali Leonard est expressionniste, lyrique, poétique et philosophique à la fois. Interprétation des paysages concrets qu’elle a pu lentement observer depuis sa place dans le train, la série exposée révèle un au-delà de ce qui est directement visible mais finalement toujours impénétrable. Invitation à la contemplation et à la méditation, convocation des sens et de l’entendement à la fois, les Traversées de Magali Leonard sont un spectacle physique autant que mental, une ode à l’éphémère et à l’insaisissable.

Infos :

Du mardi au dimanche, de 14h à 20h.

Crédit visuel : Magali Léonard, Traversée 1, 2013, acrylique sur toile, 2 pans, 80 x80 et 38 x 80cm.

Texte : Horya Makhlouf.

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